« En l’An 2 de l’Interdit sur le Royaume de France »
Contexte
Cévennes, été 1202 – Le roi Philippe II Auguste a disparu lors de la Croisade visant à repousser les hordes d’Immortels qui s’efforcent de rompre le Bastion funéraire du Mont des Oliviers où ils sont contenus depuis des siècles. Le Royaume de France subit depuis l’an 1200 l’Interdit décrété par la Matriarche Kamatera de Constantinople, suite à l’incarcération illégitime par le souverain de son épouse, Ingeburge du Danemark.
Libérée et rétablie dans ses prérogatives grâce à l’intervention de la vénérable Aliénor d’Aquitaine qui l’assiste depuis son palais de Poitiers, Ingeburge assure désormais la régence dans l’ombre de la Forteresse du Louvre, sans jamais montrer son visage. Les épiscopes, héritiers des Douze Martyrs du Nazaréen, profitent de l’instabilité du pays pour y raffermir leur prise et diffuser leur dogme schismatique au sein d’une population saisie par la peur.
Le spectre des Anciens Peuples est fréquemment convoqué bien qu’aucune rencontre officielle n’ait été enregistrée dans les Villes Franches depuis une génération.
Amorce
Les personnages sont des aventuriers engagés sur le célèbre Chemin de Régordane qui traverse le Royaume, reliant l’Île-de-France à la Mer méditerranée. Parcourant le redoutable massif des Cévennes, cette voie stratégique constitue le seul passage vers le port de Saint-Gilles dont les navires font voile vers l’Orient. La vallée du Rhône reste en effet inaccessible, placée sous l’autorité du Sacrum Imperium et de son enfant-empereur, le Stupor Mundi, Frédéric II, soutenu par la Matriarche Maria de l’archéparchie de Lyon.
Acte 1
Côtoyant les caravanes muletières, les personnages progressent lentement dans des gorges creusées de violents torrents. Les falaises vertigineuses et brûlées de soleil sont émaillées d’antiques empierrements, de galeries obscures et d’arches brisées attestant la présence passée des Anciens de Kebennos. Ils peuvent croiser une délégation de Sœurs Catabatiques en livrée immaculée ou être embarqués dans une rixe entre conducteurs de chariots.
Arrivés au marché du village de Vilafort, ils sont alpagués par un jeune homme, Guy, qui a repéré leur allure aventureuse. Guy révèle devant une chopine qu’il est l’écuyer de Lubin de Mende, dont l’équipage est stationné à l’extérieur du village, et que leur assistance est requise contre rémunération.
Acte 2
Le campement de Lubin de Mende est situé au fond d’une gorge escarpée où coule l’Altier. Des hommes en armes côtoient des artisans et plusieurs chariots dissimulent du matériel d’exploration. Lubin n’est ni un marchand ni un pélerin : il prétend posséder les droits d’exploitation d’anciennes mines d’argent, accordés par le Baron de Tournel et l’éparque de Gévaudan.
Sa première équipe s’est enfoncée dans la montagne et n’a pas donné signe de vie depuis deux jours. Il paiera les personnages s’ils les retrouvent ou ramènent un étui de plomb en leur possession. Il est possible de découvrir que les documents de Lubin sont des faux, qu’il ne possède pas de matériel d’extraction.
Au village, on sait qu’il n’y a plus d’argent dans les mines depuis des décennies et qu’elles sont infestées de vermine. L’hiver venu, des hurlements déchirants se répercutent parfois entre les falaises de l’Altier, c’est un lieu honni.
Acte 3
L’accès au flanc de la montagne est difficile et l’exploration des grottes est périlleuse. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’anciennes galeries naines et un lettré saura que Lubin ne peut s’en voir attribuer la jouissance, en vertu des termes du Traité de Nantes. Entre gouffres et escaliers mortels, les personnages découvrent les hommes de Lubin, épuisés, blessés et harcelés par des créatures non identifiées. Il est possible de leur subtiliser l’étui de plomb ou de le négocier et de découvrir le plan de la ruine naine, notamment une chambre forte. Qu’ils éliminent ses hommes ou s’en fassent des alliés, les personnages saisiront que Lubin ne cherche pas l’argent des Nains, mais une étrange invention mécanique. Atteindre cette chambre forte implique de se débarrasser des ignobles Manteleurs qui se terrent dans les passages partiellement effondrés de la Cité oubliée de Kebennos.
Dénouement
La chambre forte convoitée par Lubin recèle des caisses d’une étrange substance, de la poudre noire, censée alimenter une machine dont le plan est détaillé sur une stèle de granite rose : un canon destiné à percer les galeries mais pouvant être militarisé. C’est l’objectif de Lubin qui compte l’offrir au comte d’Aragon, menaçant ainsi l’autorité royale.
Les personnages peuvent sagement lui ramener cette précieuse trouvaille, conspirer avec l’équipe d’explorateurs envoyée au casse-pipe ou prolonger plus avant leur quête de trésors en exploitant la carte des mines. Finalement, Lubin peut devenir un commanditaire de valeur, un adversaire à dénoncer aux autorités ou la victime de leurs manigances.