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Contexte
Lyon, aujourd’hui – Monsieur Minh Ho a développé une obession de l’ordre et du rangement qui le pousse en toute occasion à optimiser le volume qu’occupent les objets qui l’environnent et à les agencer, les emboîter et les accoler de la manière qu’il estime la plus géométrique et économe.
Cette compulsion, qui confine à la quête mystique, a attiré sur Terre l’Entrepôt, une entité fascinée par la classification, les casse-têtes et l’organisation de la matière selon une géométrie impossible. Désormais, toute série d’objets affectant un certain agencement dans les environs disparaît pour rejoindre les rayonnages de l’Entrepôt.
Amorce
Madame B. découvre à l’issue de son emménagement à Lyon que de nombreux objets rangés avec soin et réflexion dans sa voiture ont disparu. Sur place, dans l’appartement déjà largement meublé, elle s’inquiète de la situation avec quelques proches.
Acte 1
Les personnages sont Madame B. et ses amis. L’examen de la voiture, garée dans le parking souterrain de l’immeuble, ne donne rien. Pas d’effraction ni de défaut. Pas de halte suspecte pendant le trajet. Les personnages remarquent des disparitions d’objets dans l’appartement où ils se trouvent : biscuits apéritifs, bouteilles, livres dans la bibliothèque. Ils peuvent comprendre que tous les objets disparus étaient agencés selon un alignement parfait ou des formes géométriques pures.
Acte 2
La situation s’aggrave. Ce sont des désormais des pans de murs et de carrelage qui disparaissent dans un son d’aspiration inquiétant, dessinant des formes géométriques absurdes. Les voisins sont également affectés et la panique gagne tout l’immeuble. Les autorités n’interviendront pas.
Il apparaît très vite que le processus devient plus permissif et que la gamme de formes touchées s’étend : les appartements les mieux entretenus et agencés se vident, les objets technologiques s’évanouissent morceau par morceau. L’environnement est hostile, la seule manière d’y résister est de le plonger dans le désordre, de briser les symétries, de griffonner les murs. Y compris son propre corps.
Acte 3
Les premiers hurlements retentissent quand des plombages, des piercings, des ongles, des dents, des organes, des os se volatilisent dans les corps, laissant leurs propriétaires en proie à d’atroces souffrances, barbotant dans leur sang. L’immeuble fait l’objet d’un effroyable rangement, l’Entrepôt ne dédaignant que les objets volontairement chaotiques et désordonnées. Les personnages comprendront qu’un appartement est épargné, silencieux, celui d’un homme taciturne, discret et quérulent : monsieur Minh Ho, connu dans l’immeuble pour ses manies. Peut-être les personnages peuvent ils saisir la source du mal.
Dénouement
L’appartement de Minh Ho est devenu un espace immaculé et stérile au milieu duquel flotte un agencement régulier et vivant de 4096 cubes de muscles, graisse, esquilles d’os et tissu conjonctif : son propriétaire. Rien ne sert de le détruire, il suffit de le bousculer pour que l’influence de l’Entrepôt cesse sur l’immeuble.
Tous les objets dérobés tombent alors en pluie sur le quartier, matière organique comprise. Les personnages sont désormais connectés à l’Entrepôt, développant TOC ou syndrome de Diogène.